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Des nouvelles de l’intérieur

Dernière mise à jour : 19 févr. 2019


Souvent, mes amis me demandent comment cela se passe à l’intérieur du Sénat. Moi-même, j’ai découvert un monde qui m’était totalement étranger le 19 décembre, lorsque je franchis pour la première fois la porte du 15, rue de Vaugirard. J’ai donc décidé d’alimenter une rubrique « de l’intérieur », pour vous faire circuler avec moi dans ce palais et d’y découvrir notre fonctionnement, nos préoccupations journalières et le rôle d’une façon plus générale d’un sénateur.


C’est donc par mon premier jour que je vais démarrer cette série « de l’intérieur ».

C’était le 19 décembre, soit deux jours après mon élection. Et c’était presque le dernier jour de la session 2017. Je fus accueillie par le secrétaire général du groupe Union Centriste qui me mit rapidement aux mains d’un huissier.



Là, je fais une petite pause pour vous présenter les huissiers. On les reconnait facilement au Sénat car ils sont habillés en queue de pie. Ils ont autour du coup une grosse chaine et, sur le côté, une épée. Ils sont en séance et ce sont, logiquement, les seuls qui peuvent circuler dans l’hémicycle, transmettant un papier d’un sénateur à un Ministre, du Président à un sénateur, etc. Ils enregistrent également qui est présent, à quelle heure on arrive et à quelle heure on part de l’hémicycle. Ils sont aussi nos guides à notre arrivée.

Dans un premier temps, je remplis quelques papiers pour les huissiers et choisis, comme ils me le proposent, entre Madame le Sénateur ou Madame la Sénatrice. J’ai donc choisi "Madame la Sénatrice"… cela me permettra de vous faire un nouveau papier un jour prochain pour m’en expliquer.


Ensuite, c’est le parcours du combattant entre tous les services : Sécurité sociale (eh oui, nous avons nos propres services de Sécurité sociale, mutuelle et retraite. Des services ne me semble-t-il pas déficitaire car le sénateur a peu d’arrêts maladie et part assez tard à la retraite mais là, encore, cela pourra faire l’objet d’un nouvel article). Je termine par la Poste : nous avons une Poste au sein du Palais du Luxembourg (plus de mille personnes, des comptes en banque pour tous les sénateurs afin de gérer leur Avance de frais de mandat, et beaucoup de courriers pour chacun de nous). On me remet ensuite ma valise. Oui, oui, une vraie valise. De quoi emporter ses effets pour la semaine lorsque nous quittons notre circonscription pour venir siéger, avec les insignes de sénateur, un gros et un petit qu’on appelle également « le baromètre », et le règlement du Sénat.


Une fois ces formalités faites, je rentre dans le vif du sujet avec ma première réunion de groupe. Là, rien de surprenant, je dis qui je suis et d’où je viens, le Président me fait un petit mot d’accueil et on passe aux affaires courantes. Pour déjeuner, j’ai été accueillie par Sylvie Vermeillet, Sénatrice du Jura, qui m’a donné quelques indications sur le fonctionnement de la maison que quelques heures d’explication n’avaient pas pu totalement éclaircir.


Voici venue l’après-midi et l’exercice obligé des Questions au Gouvernement. Dans les membres du Gouvernement, Jean-Baptiste Lemoyne profite de l’une de ses réponses pour saluer mon arrivée. Merci pour ce salut républicain. A ce moment-là, pause. Vient à ma rencontre le Président de la commission de la Défense… mon ancienne vie, l’un de mes premiers clients… et nous voici réunis sous les ors de la République. Il me fait visiter son grand bureau. Moi je n’en ai pas encore… Nous devisons joyeusement, puis les affaires reprennent. La cloche sonne pour rappeler tout le monde dans l’hémicycle. Je me dépêche, reprend ma place, je suis en retard, il faut voter… Il faut voter ? Mais voter quoi ? De quoi s’agit-il ? Je n’ai même pas compris la question ! Je regarde ce que fait la personne devant moi, lève le doigt comme elle, puis me sauve comme une voleuse. J’apprends la première chose à savoir : rien ne sert de siéger dans l’hémicycle pour débattre d’un texte que l’on n’a pas étudié.



Et j’ai ma première réponse à une question régulièrement posée : pourquoi si peu de monde dans l’hémicycle. Eh bien, parce que des textes, il y en a par dizaines et sur énormément de sujets souvent très techniques. Chaque sénateur ne peut traiter de l’ensemble des sujets qui vont de la Défense à la Santé en passant par la Justice, la Culture, les affaires européennes, les Finances... et, à l’intérieur de ces grands thèmes, énormément de sous-divisions ! A titre personnel, voici déjà les sujets sur lesquels je travaille.

Au sein de la commission Culture, Éducation et Communication : le patrimoine, les arts de la scène, le mécénat, l’audiovisuel public, la presse, l’enseignement agricole.

Au sein de mon groupe, en plus des sujets de ma commission : l’eau et l’assainissement, le logement, la construction, l’urbanisme, l’artisanat.

Au sein de la délégation au droit des femmes et à l’égalité hommes-femmes : la loi sur les violences sexuelles, les violences sexuelles sur les handicapés, les réseaux au féminin, les femmes et l’entreprise. Autant dire que je ne m’ennuie pas et que, pendant que je m’occupe sérieusement de ces sujets, je ne suis pas dans l’hémicycle pour débattre de la Justice, des affaires sociales (... même si je suis de près ce que fait ma collègue Elisabeth Doineau sur la santé en milieu rural), des affaires européennes, de la Défense, etc. Pour débattre d’un texte, il faut non seulement le connaître, mais aussi s’être fait sa propre opinion dessus et, pour cela, rencontrer les professionnels du secteur. Pour la loi ELAN par exemple, nous avons reçu les organismes HLM, les promoteurs immobiliers, les entrepreneurs, les architectes, les architectes des Bâtiments de France, etc. Et pendant ce temps-là, d’autres débattaient de textes aussi importants, mais sans moi… et inversement...


Mais je m’égare sur le fonctionnement et reviens à ma première journée. Comme nous étions le 19 décembre et que c’était la fin des travaux parlementaires de l’année, elle s’est terminée comme nous l’aurions fait en Bourgogne, autour d’un buffet avec le groupe. J'ai pu ainsi connaitre mes collègues avant leurs vacances… qui ne furent pas les miennes puisque j’avais toute mon installation à faire, mais je ne vais pas me plaindre, je suis très heureuse d’avoir été élue et aime ce que je fais.


C’était la conclusion de mon premier jour ; c’est aussi la conclusion de mes premiers mois. Espérons que vous serez aussi satisfait de mon travail, que moi de le réaliser.

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