
Création dans l’Yonne d’un Pôle de référence “Son, vibration acoustique - carrefour national”.
“Le son en tant que vibration a la capacité incroyable de changer la donne, notamment autour du développement durable” - Serge Garcia
Si l’on veut apprendre ce qu’est “défiSON”, il faut déjà comprendre que le son n’est pas seulement ce qui s’entend mais bien tout ce qui est issu de la vibration. Ses applications sont ainsi multiples, allant du médical : soigner un glaucome par l’ultrason - au bâtiment : vérifier le ferraillage d’un mur en béton sans faire de trou grâce aux retours de vibrations - aux déchets : réduire les déchets des stations d’épuration - et bien sûr, le son que l’on entend, la musique etc. C’est pourquoi je soutiens et souhaite voir se développer le projet économique “défiSON” mis en œuvre par Serge Garcia, car il explore tous les domaines du son, via l’économie et la recherche. C’est un programme à la fois global (le son) et transversal (de l’infrason à l’hyperson), décliné en 2 parties : 1 - Mise en valeur et développement économique des territoires à l’échelle d’un département : l’Yonne. 2 - Valorisation des filières du Son, vibration acoustique. Sur 3 axes : A) Evénementiel B) Économique C) Espaces thématiques Afin de mieux en comprendre les enjeux et les objectifs, je vous propose d’écouter celui qui en parle le mieux, Serge Garcia, Président de défiSON. Serge Garcia : “Le son en tant que vibration a la capacité incroyable de changer la donne notamment autour du développement durable. J’ai commencé ma carrière dans la communication, puis j’ai réalisé des travaux sur la mémoire orale des territoires et comme la mémoire orale est porteuse d’économie (bon, c’est un peu compliqué mais c’est très efficace…) j’ai rencontré énormément de chefs d’entreprise et de scientifiques dans le domaine du son au-delà de la communication. Cela m’a amené à créer les Etats Généraux du Son de 2004 pour que ceux qui avaient des rapports au son de près ou de loin se réunissent et se parlent. J’avais décidé de faire ces États généraux pour faire connaitre de nouvelles techniques de pointe, mais c’est très difficile parce que c’est un domaine peu connu, c’est invisible et il y a plein de raisons pour que certains ne souhaitent pas les voir se développer trop vite… De nos jours, le Président Emmanuel Macron est en grande réflexion autour des plastiques et du recyclage. C’est une problématique d’aujourd’hui ! Tenez, par exemple : une grande société Suisse travaille, à base de vibrations du son, sur les déchets nucléaires afin de les rendre inertes. À notre époque, sur ce type de déchets, grâce à ces techniques, on n’a plus besoin d’attendre 5 000 ans pour que l’effet des radiations s’estompe… Ce sont des technologies très performantes. Alors, pour faire simple, comment ça marche ? Le son est une manipulation de matière. Prenons l’exemple d’une scie à bois ultra-sonore, vous avez une scie qui dans les faits ressemble à un stylo qui ne touche pas le bois. Vous allez séparer les molécules et couper un morceau de bois sans aucun résidu, sans sciure. Vous n’avez pas créé de déchets. Vous avez juste séparé la matière, proprement, d’un côté et de l’autre. La matière est restée collée de part et d’autre. Aujourd’hui, tous les jambons que vous achetez dans le commerce en grande surface sont coupés par ultra-sons. Parce que c’est 100% de bactéries détruites à l’instant T, pas de déchets, une coupe parfaite. Idem pour les fromages. C’est tellement intéressant et peu cher que c’est utilisé ! Quand vous coupez avec un couteau, la coupe n’est pas forcément nette et il y a des résidus sur le couteau. Le son (les vibrations) est capable de mettre des objets ou des molécules en lévitation. Dans le sang, il est capable de mettre en lévitation les cellules-souches, et les cellules cancéreuses. On peut alors les séparer et détruire les cellules cancéreuses… Une entreprise s’est créée à Paris à partir de ce travail. À Nantes une personne travaille sur la thermo-acoustique grâce à laquelle on peut fabriquer de l’électricité chez soi. Ce qui fait que peut-être dans 20 ans, on sera équipé de notre propre énergie électrique sans rien d’autre que du son. En fait, tout existe mais on ne l’utilise pas. C’est pour ça que nous développons ce projet dans l’’Yonne, car il est nouveau : il va permettre de mettre tout cela en lumière. Un autre exemple pratique pour ceux qui voyagent beaucoup : j’ai présenté aux membres de défiSON un nouveau type de “lave linge portatif”. Il ressemble à une grosse savonnette blanche. Vous mettez votre chemisier dans l’évier et vous posez ce “lave linge” ultrasonore dans l’évier et au bout de 30 minutes, votre chemisier est propre ! L’INRA d’Orléans (Institut National de la Recherche Agronomique), vient de créer il y a deux mois une équipe de recherche sur l’écoute des sols afin d’entendre ce qu’il y a dans la terre, car on n’arrive pas à connaître la nature de la terre. On n’arrive pas à connaître le type de vie qu’il y a (ou qu’il n’y a plus) dans les sols. Il y a énormément de gens qui travaillent sur le son dans des domaines complètement différents. La musique en tant que matière musique ne m’intéresse pas, c’est un domaine que l’on ne travaille pas. L’insertion par le son. La création de ce pôle dans l’Yonne est très innovante. Aucun territoire ne développe cela. Dans ce contexte, il y a des modèles nouveaux qui sont mis en place car nos membres nous font remonter des choses. Les 50 entreprises adhérentes nous font part de 500 postes non pourvus alors qu’il y a du chômage ! On invente un système qui répond au cas par cas, pour remplir ces postes non pourvus avec des gens que nous formons nous-mêmes ! On part du niveau des postulants et on refait toute leur formation à la base. C’est très inédit. Mais l’expérimentation n’est pas rejetée par les autres, parce qu’ils se disent que c’est un essai. Mais notre pôle “défiSON” se développe sur un département entier de 350 000 personnes… Le pôle est nouveau et à la rentrée, on va pouvoir créer les postes qui vont dynamiser tout ça et mettre à la connaissance du public tous ces dispositifs autour du son. Les entreprises qui entrent aujourd’hui dans “défiSON” sont des entreprises qui veulent changer, se modifier. Prenons des sociétés qui balayent les chaussées, la voirie, qui ramassent les déchets au sol, à grande échelle, comme par exemple lors de la construction d’une autoroute. Ce sont des entreprises qui ne savent pas quoi faire de ces déchets. De grosses entreprises très connues ramassent tout ça et en font des collines sur lesquelles ils font pousser de l’herbe… Donc une entreprise beaucoup plus petite, pour concurrencer ces mastodontes du ramassage de déchets, se dit qu’elle doit être beaucoup plus moderne. Là, ils ont adhéré à “défiSON” et maintenant avec plusieurs laboratoires de recherche, on va lancer des études pour retraiter ces déchets et les “séparer” : séparer les sables, les goudrons, etc. Ces déchets ont des poids différents mais on peut mettre en lévitation ces matières et les “recycler” proprement. Alors c’est sûr, tout ça fait un peu science-fiction mais cela existe bel et bien… Si déjà on partait dans cette voie là, ça serait très utile pour la santé des gens, pour la planète, pour la production d’énergie ! Dans moins de 100 ans, nous pourrons faire des centrales soniques qui pourront remplacer l’énergie nucléaire. Le CEA (le Commissariat à Énergie Atomique et aux énergies alternatives) est arrivé sur les travaux sur le son il y a seulement moins de 10 ans. Ils sont débutants. En créant ce pôle, nous allons basculer vers plus de visibilité, parce qu’en réalité nous allons avoir une trentaine de salariés qui dans des univers différents pourront initier les spécialistes de la santé par exemple, pour basculer dans cette nouvelle approche, dans cette nouvelle dimension. Cela va favoriser la recherche pour qu’elle aboutisse à du concret pour que l’on ne se perde pas dans la nature. Ce sera aussi pour nous un bon moyen de communiquer ! Nous avons des liens étroits avec la chaîne de télévision Arte qui attend que le pôle existe pour commencer à faire des documentaires sur ce milieu. Tout cela va être excessivement porteur en terme de profession ! On va développer une licence pro, un Bac + 3 “acoustique/ vibrations” pour que toutes les entreprises de plus de 20 salariés en France créent un poste de technique acoustique en entreprise. Aujourd’hui, ceux qui maîtrisent ces techniques sont tous Bac + 5. Donc ceux qui interviennent dans une Mairie par exemple coûtent excessivement cher. C’est pour cela que l’on crée un palier intermédiaire. C’est de fait une économie. Ce pôle devrait voir le jour en septembre / octobre 2019." Je suis fière d’aider à la mise en place de ce pôle. Il intègre aussi bien le développement d’une activité économique que l’enseignement supérieur qui va avec… Il me semble que cela ne peut qu’être une opportunité à saisir pour notre département.